Le sloughi par Max Yves Brandily

Dans l’esprit des foules, le mot  » lévrier  » évoque immédiatement la beauté, l’élégance et la vitesse. Parmi les différents lévriers, le plus sobrement racé nous parait être cette merveille de la nature qu’est le SLOUGHI.

Ce chien, connu dès la plus haute antiquité, chassait déjà aux cotés des Assyriens il y a près de trois mille ans, et certains de ses ancêtres fréquentaient les palais des pharaons. Quoiqu’il en soit, venus avec les invasions qui déferlèrent sur l’Afrique en suivant la route du soleil ou originaires de ce continent, les sloughis sont bien les fils du Sahel, des dunes et du vent. Ce sont eux que les poètes arabes ont chanté à l’égal des femmes, des gazelles, des blanches chamelles et des pur-sang.

Au cours des siècles, ils ont eu l’occasion d’être à l’origine de la plupart des lévriers aujourd’hui connus. Appréciés en France dès le Moyen Age, ils étaient les princes des meutes royales ; nous les retrouvons tenant compagnie aux belles dames en hennins dans les Cours d’ Amour. Ce sont eux encore qui galopent dans les forêts enchantées des enluminures et des tapisseries aux cotés des fabuleuses et blanches licornes.

Autour des années trente, il n’était pas rare de les voir associés aux concours d’élégance les plus raffinés.

On a fait aux lévriers une réputation de bêtise. Ils la doivent surtout à la bêtise de ceux qui n’ont pas su les comprendre. A tel chien, tel maitre. Bête, le sloughi a oublié de l’être. Avec son crâne large et bien proportionné, ses yeux d’une beauté et d’une douceur sans égales, le sloughi est un compagnon exceptionnel non seulement par son dévouement et l’indéfectible attachement qu’il porte à son maître, mais justement par cette étincelle d’intelligence qui lui permet d’entretenir un véritable dialogue amoureux avec l’élu de son cœur.

Cette race ancienne et un peu sauvage a su passionner les cynophiles que sont SENAC-LAGRANGE, F TURCAT, Pierre DUREL, P HACHET, SOUPLET et Jean Marie DEVILLARD.

Voyons le portrait qu’ils en tracent :  » Ce lévrier est un prodige d’adaptation naturelle, et ce prodige, l’Arabe l’a conservé à peu près intact. Cette charpente osseuse visible sous la peau, ces muscles secs, ce jarret prés de terre, ce pied aux doigts arqués et allongés, cette mâchoire longue, bien armée, dénotant une facilité de préhension parfaite, cette couleur du pelage le plus souvent sable, facilitant l’approche clandestine, tout cet ensemble forme une sorte de merveilleux  » appareil » pour chasser dans les contrées les plus désertiques. »

 » Le sloughi s’acclimate parfaitement en France. Affectueux pour son maître, indifférent avec les étrangers, terrible avec ceux qu’ils croient animés de mauvaises intentions, le sloughi est un excellent gardien. Tout en aimant passionnément la course et les grands espaces, il apprécie le confort et s’accoutume à la vie en appartement. Il est propre, silencieux, et superbement décoratif ;

Le sloughi, hélas, suit le déclin des nomades. Il a disparu en Libye et, ailleurs son cheptel reste très faible comparé aux autres races. Avec la modernisation de l’Afrique, les méthodes de chasse ont changé : la voiture a remplacé le cheval et le fusil, le sloughi. Séquelle des guerres de Cent Ans, au cours desquelles les Anglais envahirent la France avec des lévriers qui firent grand ravage dans la faune de nos campagnes et dans nos poulaillers, une loi interdit de chasser avec des lévriers dans tous les départements français. On est même allé jusqu’à interdire de chasse dans leur pays d’origine ces sloughis, ces chasseurs par excellence. Certains, s’abritant derrière une loi inique, n’hésitent pas à les abattre.

De nature fière et noble, le sloughi est exclusif dans ses amours; sa fidélité proverbiale passe toute entière dans la douceur de son impressionnant regard. Facilement jaloux par rapport à son maître, il sait cependant, avec discernement, accepter dans son entourage le cercle de famille.

Le sloughi est un gardien très dissuasif qui sait retrousser les babines et monter ses crocs impressionnants pour prévenir que la limite à ne pas dépasser sous peine de morsure est atteinte. Coureur infatigable, il est le compagnon indispensable du sportif, du cycliste et de ceux qui pratiquent le jogging ou les longues marches. Mais c’est avant tout le compagnon idéal du cavalier et du cheval, si bien que, comme on parle du chien de berger, on a pu dire de lui qu’il était un chien de cavalier.

Extraordinaire chasseur à vue, il n’est pas, quoiqu’on en dise, totalement dépourvu de flair, et il participe désormais officiellement aux épreuves de travail de la Commission Nationale d’Utilisation Lévrier. NATIONALE D’UTILISATION LEVRIER organise à longueur d’année.

Max Yves BRANDILY