Il est l’antique coursier venu d’Asie et qui s’est fixé dans le Sud de l’Afrique du Nord avec l’invasion musulmane, la guerre sainte!
Affiné par le soleil d’Orient et les vents du désert, ce chien de suprême élégance, cet athlète léger, puissant, a été employé depuis des millénaires pour la poursuite et la prise des gazelles, des lièvres des sables et aussi des chacals.
Il se présente comme le modèle parfait du galopeur: tête admirable au crâne globuleux et bien fait; œil de velours au regard lointain; encolure gracile mais musclée et gorge très nette. L’ensemble est étendu, longiligne, ce qui ne veut pas dire long; l’étendue est faite de la longueur des rayons articulaires: épaule, rein, et hanche.
L’épaule peut être médiocre mais oblique dans le sens de l’horizontale, car une épaule droite et longue serait très inclinée et donc condamnable chez le galopeur. L’essentiel est la hauteur et la verticalité du bras. Le rein est horizontal et très soutenu; la hanche longue et peu déclive. Un longiligne comme le Sloughi ne peut avoir de grandes lignes et une croupe courte et inclinée, tombante, ce qui nuirait à ses aplombs postérieurs et à ses actions « sous lui ». Ce fouet, pas exagérément long – ce serait pourquoi faire – est porté bas et terminé par une boucle élégante. Au galop, il ne doit pas dépasser la ligne horizontale.
Quelle musculature, longue, sèche, plate– le désert natal l’a tellement façonné, délivré de toute masse inutile; quelles jambes sèches, finement ciselées aux muqueuses transparentes, aux doigts allongés et serrés ! ce jarret long, bas, à l’angle si ouvert!
De tout cela résultent: élégance, rapidité, force et courage !
Au moral, un chien très équilibré, aussi calme sur les tapis ou les coussins du salon qu’impétueux et fulgurant dans l’effort à l’extérieur.
Il n’a qu’un maître et il l’a choisi, car il ne s’adapte pas à tort et à travers; il élit son domicile dans sa chambre, son atelier ou son bureau discrètement. Le maître sort-il! il se relève nonchalamment, baille et s’étire, et suit ce maître, se soude à lui. Il le défend férocement s’il est attaqué.
On ne volera pas la voiture gardée par un Sloughi. Malheur à qui essaierait de s’en emparer, car même avec des balles dans la peau, jusqu’à sa dernière goutte de sang, il ne lâchera pas, car il est stoïque dans la souffrance. L’œil de velours prend l’expression féroce et l’admirable mâchoire devient féroce !
On ne saura jamais ce que ce chien si peu démonstratif peut avoir d’affection et d’attachement pour ceux qu’il aime.
« L’on peut vanter l’élégance, la distinction, le charme des lévriers en général; le Sloughi réunit ces joliesses, mais de plus il est noble ! Noble d’attitude, noble de caractère, nullement servile, noble par le courage et le stoïcisme– il faut l’avoir vu dominer les chacals et autres fauves !
Noble par son attachement sans bornes à son maître et à sa maison, fut-elle palais ou château, échoppe, cabane ou gourbi.
Il dort le jour et il veille la nuit !
Et comme son compagnon le cheval arabe, il supporte la faim, il supporte la soif, il n’est jamais fatigué… »
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Texte de Mr Robert MAUVY qui fut président du club du SLOUGHI, et qui lors de ses séjours en SYRIE, eut l’occasion de chasser avec des sloughis. Doté d’un sens artistique certain, ses croquis de sloughis sont des documents très précieux pour celui qui s’intéresse à ce lévrier, chasseur antique qu’il faut maintenir dans son originalité.
