L’ensemble de ce beau chien est celui d’un longiligne axé sur l’horizontale. Ce chien de chasse, le premier des chiens de chasse, et à vue, a le regard constamment tendu vers une proie qui ne dépasse guère sa taille, d’où ce maintien spécial de tout son être sur cette ligne : encolure, dos, rein, croupe et même fouet. Ses proies en effet les plus communes sont le lièvre et différentes antilopes dont la principale est la gazelle » Dorka » aujourd’hui quasi disparue, ainsi que….le chacal auquel il voue une aversion tragique.
L’animal ne trottine pas comme la plupart des autres lévriers qui relèvent les pattes comme s’ils marchaient sur des charbons brûlants : il marche hardiment, franchement, il a une » dégaine » que l’on pourrait qualifier de » dégaine slougui » ! Qu’elle soit vive ou nonchalante, le rein n’a aucun soubresaut, et le fouet est porté bas.
Aucune mièvrerie dans la démarche mais la noblesse d’un animal assuré de par sa force, son intelligence, son assurance et son stoïcisme.
La tête, longue, fine et ciselée, est proportionnée à l’animal longiligne. Vue de face, elle va en s’élargissant de la truffe à la protubérance occipitale. Le crâne est harmonieusement arrondi à sa chute vers les premières vertèbres cervicales entre lesquelles se trouve une dépression assez accusée comme dans toutes les races distinguées. Les pariétaux suivent la ligne évasée d’avant en arrière. Les lèvres sont minces et bridées, mais couvrent le renflement des canines.
La denture en ciseau dot être correcte, comme il sied à un animal qui appréhende sa proie en courant.
Si le sillon inter orbitaire est accusé, l’arcade orbitaire est peu saillante comme chez les longilignes, mais semble plus saillante quand le chien est en éveil par suite du redressement du sourcil.
L’œil est très beau, très foncé, bien enchâssé, non exorbité. Suivant les impressions du chien, l’expression au repos est lointaine, nostalgique, comme elle peut être câline ou terrible. Ce sont les contractions des muscles qui donnent l’expression à une figure plus que le globe oculaire lui-même.
L’oreille, de longueur moyenne est tombante, morte. Son point d’attache est bien entendu la conque auriculaire. Elle peut remonter très haut, comme mourir très bas, selon l’impression du chien.
La truffe est toujours noire et c’est un caractère fondamental. Il est question dans des standards divers ou commentaires de truffes « chocolat Le ». Chocolat ! Quel terme pour désigner une nuance animale ! J’avoue ne l’avoir jamais vue sur les nombreux slag que j’ai eu l’occasion d’examiner dans leurs différents pays. La truffe peut être décolorée pendant un certain temps pour cause d’allaitement ou même de maladie, mais elle est alors marbrée et sa couleur approche celle de la mine de plomb plutôt que du chocolat. Il la faut très soutenue, la truffe déclive à partir des sous- naseaux est très disgracieuse.
Comme l’ensemble, l’encolure est longue et sèche, non arquée si ce n’est chez le mâle un léger renflement des muscles de la première vertèbre, un peu concave à sa jonction avec le garrot et l’épaule. Le muscle mastoïdo-huméral qui prend en arrière de l’oreille pour rejoindre en arrière de l’épaule est accusé dans sa sécheresse.
La gorge est nette comme il sied aux animaux aux tissus fins et tendus. Cette encolure distinguée, peu galbée parce que le muscle est plat et sec est de bonne longueur ; plus elle est longue, plus le chien est distingué.
L’épaule est bien placée, en arrière du col et penchée d’arrière en avant, le pivot étant entre le cartilage supérieur et l’os proprement dit. Elle est assez longue par suite de la hauteur de la poitrine. L’humérus gagne à être long, et se rapprochant de la verticale, ce qui favorise l’ampleur du mouvement.
La ligne de dessus, dorsales et lombaires, est comme l’ensemble dans l’horizontale, mais bien tendue et reliée harmonieusement au sacrum qui lui aussi est dans l’horizontale de même que l’attache des caudales donnant ainsi un bon port de fouet au bel animal. Le garrot est marqué surtout chez le male .Le dos et le rein forment une ligne presque horizontale, mais très rigide. La hanche vigoureusement taillée, saillante par suite de l’horizontalité du dessus, continue cette même ligne, elle est longue et peu oblique (animaux de vitesse) ; la queue offre une légère boursouflure à son attache en arrière du sacrum pour retomber après une courbure élégante. Toujours portée basse, sauf pendant l’action ou elle ne doit pas dépasser l’horizontale, elle se termine par une boucle plus accusée chez les sujets racés. Sa longueur atteint à peine la pointe du jarret. Son extrémité n’est nullement pointue telle la queue dite de souris, son poil est trop court pour cela ; la dernière caudale est adoucie.
Comme tout l’individu, les membres sont d’une sécheresse telle qu’ils paraissent presque transparents. Les muscles qui les recouvrent sont à peine visibles, bien plaqués, longs et plats mais d’une densité, d’une » trempe » rare, tout comme ceux qui recouvrent l’humérus et le fémur ; cela fait partie de l’harmonie d’un être éminemment sec.
La hanche est longue de la pointe de l’ilium à l’ischion. Ne pas confondre avec l’articulation fémorale qui est sur son trajet et qui donnerait l’impression d’arrière main courte et oblique ce qui est un non-sens chez le galopeur. Le jarret du sloughi est long et large. Le terme » ouvert » est préférable au terme » droit «. Le jarret droit est celui des brévilignes (bull- dog, mastiff), il tombe à la verticale de la pointe de l’ilium au sol et la jambe est courte .Le jarret » ouvert » est celui du galopeur, du longiligne. La jambe est tendue vers l’arrière et l’angle du jarret est effacé ou à peine visible, caractère spécifique du sloughi. Il permet le démarrage foudroyant et la vitesse soutenue ; l’appui au sol repose sur les coussinets digitaux et le talon. Chez l’animal à jarret coudé, l’articulation tibio-fémoro-rotulienne souffre de même que l’articulation tibio-métatarsienne.
Le pied du sloughi est celui d’un animal affiné, distingué : il est sec, serré et la sole est dense et solide, les ongles aussi durs et trempés que les téguments.
La poitrine, ogivale, est plus vaste qu’elle ne parait car les côtes sont bien arquées et le sternum, ce soutien de la partie antérieure, est bien apparent, bien sorti, tout comme les dernières côtes, les respiratoires. La ligne inférieure de cette poitrine remonte vers l’abdomen en pente droite ou presque, comme il sied à un animal à dessus horizontal, alors que le dos harpé est accompagné d’une ligne inférieure convexe, comme une échancrure vers l’abdomen. Ceci est l’harmonie selon la race : Geyhound, rein harpé et ventre levretté ; Sloughi , rein horizontal et poitrine légèrement ascendante.
Les téguments, poils, peau, ongles, sont d’un tissu fin et serré, très résistant. Le poil n’est nullement mou mais consistant. La peau de couleur noir-bleu même chez le sujets très clairs est dure comme chez tous les canidés, mais très fine et nullement sensible en dépit de cette finesse. Il en est de même de la sole d’un grain aussi fin et ténu qui résiste aux terrains les plus durs et à l’effort prolongé.
La robe ! Elle est spécifiquement sable. La nuance des terres des immensités qui l’ont vu naitre. Nuance allant du sable très clair au sable foncé. Les plus belles robes sont masquées, incluant toujours une truffe noire. Le masque couvre la partie antérieure du museau et entoure les yeux. Un trait noir prolonge la commissure externe des yeux horizontalement. Signe de grande beauté, ce caractère doit être cultivé. Il contribue pour beaucoup à relever le physique tellement contrasté de ce prince de l’espèce canine. Les oreilles sont noires, charbonnées.
Un nuance charbonnée à la partie supérieure du corps couvrant le dessus des épaules, le dos et les reins est une parfaite pigmentation, et c’est pour cette raison que l’on admettra la robe noire et feu, surtout si les cotés du museau sont charbonnés.
Les robe bringées, beaucoup moins nettes comme nuances générales, sont tolérées, mais non encouragées.
Le blanc, indice de croisements lointains est à éliminer. Tout au plus tolèrera-t-on quelques poils aux extrémités des pieds ou une petite étoile à la poitrine.
Sur les différents standards, la taille oscille entre 68 et 75 cm chez le mâle. C’est excessif pour cette dernière. On voit que les rédacteurs de ces standards n’ont jamais parcouru les grands espaces avec un sloughi assis sur leur cuisse gauche et ses antérieurs appuyés sur le kerbouch (pommeau). La bonne taille maximum pour les mâles devrait être de 68 à 70 et encore !
J’ai connu des femelles des sables bien au dessous de 65 cm, mais combien résistantes malgré la soif, la faim, la déshydratation. C’étaient les slag de chasse au sens propre du mot.
Supprimez ces caractères à vos slag : taille moyenne, désir de vitesse, de poursuite, le » coup de dent » facile et cette indépendance, vous leur retirerez ce potentiel de caractères ancestraux et le caractère tout court.
D’un caractère très indépendant, peu exubérant, paraissant étranger à tout et tous ceux qui l’entourent, hommes et animaux, il choisit un maître et s’y attache ; et quel attachement ! Indéfectible ! Fidèle !
Il dort le jour et … veille la nuit ; que ce soit sous le toit de l’humble » gourbi » ou dans le salon ou le bureau du prince, aussi aristocrates l’un que l’autre, que ce maitre se lève et sorte, le slougui se relève nonchalamment, baille et lui emboite le pas ou celui de sa monture.
Voici sa vie, intimement liée à celle de ce maitre et à ses exercices.
DEFAUTS :
Tête : grasse ou maigre et plate, joue ronde, chanfrein busqué, pariétaux saillants, prognathisme, yeux clairs, exorbites ou montrant de la conjonctivite, Oreilles décollées, divergentes ou dressées et cassées
Cou : rond, gras ou court, fanon
Épaules : droites à l’omoplate, inclinées en arrière à l’humérus
Dessus : mou ou trop arqué (harpé), dépression accusée entre dorsales et lombaires, croupe cassée, trop oblique et courte
Queue : attachée trop bas, trop longue et droite, portée verticalement à la marche
Antérieurs : cagneux, panards, coudes décollés, piqués, pieds courts et soles craquelées
Postérieurs : jambe courte par insuffisance de longueur de tibia, jarrets coudés, assis, mauvais pieds ou soles
Poitrine : large ou insuffisante, remontant trop brusquement vers l’abdomen, côtes trop longues ou trop plates
Téguments :peau relâchée, poil mou et trop long, ladre, musculature ronde, manque de sècheresse
POINTS IMPORTANTS POUR LE SLOUGHI
- Tête au chanfrein très rectiligne, oreille morte, encolure sèche et crâne globuleux ; fouet porté bas et accusé dans sa boucle.
- Masque et trait horizontal à l’œil. Jarrets très ouverts dans leur angle antérieur et dans leur écartement à la marche.
La préférence devra être donnée à un tel chien qui devra avoir le pas sur un excellent sujet mais : n’ayant pas de masque, l’oreille légèrement détachée, le fouet sans boucle, mais bien porté, la robe plus ou moins bigarrée de tigrures.
Les slouguis dits » noir et feu » qui sont plutôt fauves couverts de noir (robe claire centrifuge) ne peuvent être écartés, leur production donne des fauves ou sables charbonnés
Ce seigneur ne souffre pas la médiocrité, dans aucune de ses parties pas plus que dans son attitude et sa démarche. Il procède depuis des millénaires sous le beau ciel d’Orient , affiné par l’air vif et sec des grands espaces, tout comme son égal , le noble cheval Arabe.
A tous deux, ces éléments ont légué cette beauté, ces formes, cette sécheresse des tissus, cette noblesse que nous occidentaux, mais épris de beauté, d’harmonie, d’art en un mot, n’avons pas le droit de laisser péricliter ou même d’abimer.
Commentaires du standard du sloughi par Robert MAUVY Juillet 1972- juillet 1980
Texte paru dans le bulletin n° 3 édité par le Cercle Robert MAUVY association fondée en 1989 pour rendre hommage à ce passionné de notre lévrier, et avec l’aimable autorisation de son président.
Monsieur Robert MAUVY est né à BLOIS en 1892, a vécu à NEUIL SOUS FAYE, à coté de RICHELIEU, ou il est décédé en 1985.
Il a élevé des chevaux de pur-sang arabes, et a fondé une association pour « sauver ce qui reste du véritable Pur-Sang Arabe « dénommée actuellement USCAR ( Union pour la Sauvegarde du cheval Arabe Oriental )
Mr Louis Bauduin, le président de l’USCAR dit de lui :
« Esthète et artiste, farouche défenseur d’authenticité, de vérité, il était nanti de bien des dons et talents. Eleveur passionné certes, il était également musicien, peintre, sculpteur, etc…
A quatre-vingt-treize ans, malgré une apparente fragilité, il se tenait très droit, toujours digne et affable usant d’un langage choisi, prêt à offrir sa chaise à une jeune femme ou couvrir de son veston les épaules d’un ami frileux.
Il possédait un sens inné de l’observation « le don de voir » et, si en anatomiste il appréciait avec justesse, rapidité et précision l’enveloppe, la construction avec ses points de force et leurs liaisons, le mécanisme et sa locomotion puis au combien la matière, percevant le sang au premier coup d’œil, en fin psychologue, il savait comprendre les cœurs et lire dans les âmes. « «
Sur le site de l’USCAR, http://www.arabeoriental.fr, sa présentation du cheval arabe ou il fait un parallèle entre l’Arabe et le Sloughi : L’œil de l’arabe est très beau, beau à l’égal de celui de la gazelle, de la femme orientale, de la chamelle ou du sloughi, tous enfants des grands déserts !, rappelle dans la beauté et la justesse des termes, ceux-ci qu’il utilise pour commenter le standard du lévrier arabe, le SLOUGHI.
Il a été un des présidents du Club du Sloughi.